mardi 8 janvier 2013

Gaspard-Hubert Lonsi Koko souscrit à l’appel à la cohésion nationale lancé par Joseph Kabila

La cohésion nationale ne se décrète pas certes, mais afficher des divergences, pendant qu’il faut sauver le pays en danger, relève de l’accessoire. L’essentiel, au contraire, est de s’unir face à l’ennemi. Et jamais l’accessoire ne peut remplacer l’essentiel. C’est ce qui ressort de l’interview (Cinq questions à…) accordée par Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du Rassemblement pour le développement et la paix au Congo (RDPC) à Robert Kongo, le correspondant en France du journal Le Potentiel.

1. Que vous inspire le message de nouvel an du président Joseph Kabila adressé le 31 décembre 2012 à la nation ?

La cohésion nationale est la condition sine qua non en vue de la résolution de la crise politique qui fragilise nos institutions et expose le pays aux appétits voraces de quelques prédateurs régionaux. Telle a toujours été ma conviction profonde. Or, le président Joseph Kabila vient de faire le même constat, lors de son message du nouvel an, en ayant rappelé que la guerre que l’on impose à la RD Congo  « doit être une occasion de nous unir davantage ». Je ne peux donc qu’approuver l’organisation d’un cadre pour les échanges entre toutes les forces vives de la Nation que propose le président de la République. En tout cas, j’ose espérer que l’année 2013 sera placée sous les signes d’espoir et de succès.

2. La cohésion nationale est donc un idéal que vous partagez avec le président de la République ?

Je suis partisan d’une opposition constructive. Il serait donc malvenu de refuser la proposition du président de la République, au moment où se joue la survie de la Nation. Le patriotisme s’impose à ceux qui veulent à tout prix éviter la balkanisation. Certains ont enfin compris que seul le dialogue inclusif républicain permettra aux Congolais de laver leur linge sale en famille. J’ai donc pris acte du fait que le président de la République a reconnu qu’« aucun résultat positif n’est possible dans la division ». J’espère de tout cœur que les assises qu’il nous propose ne vont pas être une distraction de plus, comme cela avait été le cas avec la conférence nationale souveraine (CNS) à l’époque du maréchal Mobutu ainsi qu’avec l’Accord Global et Inclusif sur la transition de Sun City ayant abouti au calamiteux système « 1 + 4 ». Il ne faut surtout pas que le dialogue entre Congolais soit une occasion de se partager les portefeuilles. Il doit plutôt s’agir d’un moment historique qui définira les bases de nouvelles institutions axées sur l’Etat de droit et la stabilité du pays. Mon souci, c’est que nos compatriotes aient enfin droit à la liberté, à l’égalité, à la sécurité et à la prospérité. Quelques compatriotes de la diaspora congolaise de France, à laquelle je fais partie, ont toujours été objectifs, s’agissant du « vivre ensemble ». C’est dans cet état d’esprit qu’ils apporteront leur pierre à l’édification d’un Congo politiquement viable et économiquement solide.

3. Le président Joseph Kabila entend doter le pays d’une armée dont la puissance inspire respect… Quel est votre commentaire ?

Les FARDC
C’est depuis 2001 que le président de la République aurait dû mettre en place une telle armée, conformément aux cinq objectifs  de la transition  initiée  par l’Accord Global et Inclusif  de Sun City qui avait soulevé, à l’instar de l’accord de Lusaka de 1999, la nécessité de la formation d’une armée nationale et républicaine. Cela aurait épargné de millions de vies et évité l’humiliation que connaît le peuple congolais à travers les violences sexuelles, l’enrôlement des enfants par des bandes armées, le pillage de nos ressources, les conflits sociaux ... Je soulève ces deux interrogations, que l’on peut légitimement se poser, pour que les promesses en la matière soient immédiatement suivies d’effets.

4. Le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, promet de mettre en place un mécanisme de concertation sur la paix, la sécurité et la stabilité dans le Nord-Kivu et dans la région des Grands Lacs a annoncé le chef de l’Etat. Selon vous, peut-on encore croire à ce genre de discours plein de bonnes intentions ?

Toutes les résolutions onusiennes qui ne sont pas respectées, s’agissant de la dramatique situation en cours dans notre pays, mettent en évidence l’hypocrisie et la mauvaise foi du secrétaire générale des Nations Unies. Le Conseil de sécurité doit commencer par redéfinir la mission de la Monusco, objectif le plus urgent aux yeux des Congolais, et obtenir des sanctions contre les pays qui soutiennent nos agresseurs. La mise en place d’une nouvelle structure, dont la mission n’apporte rien de plus par rapport à celles qui existent déjà, ne constitue qu’un leurre pour permettre à nos agresseurs de mieux s’organiser. Faut-il croire que Ban Ki-moon est au service des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et des multinationales qui ne cessent d’imposer la loi dans la région des Grands Lacs ?

5. Comment réagissez-vous aux nouvelles sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre les deux dirigeants du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero et Eric Badege ?

On ne peut que saluer la réaction du Conseil de sécurité, tout en s’interrogeant sur son efficacité. Interdire à ces criminels de voyager et geler leurs avoirs suffisent-ils à les empêcher de renoncer à leur objectif consistant à faire main basse sur une région très riche en ressources naturelles ? Jean-Marie Runiga et Eric Badege n’étant que de simples pions, le Conseil de sécurité doit sanctionner carrément les parrains du M23, en l’occurrence Yoweri Museveni et Paul Kagame. Cela aurait pour effet d’empêcher les présidents rwandais et ougandais de trouver une autre pièce de substitution ou de susciter d’autres rébellions.

© Kongoespoir21

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