mercredi 20 février 2013

RD Congo : la coopération régionale et les ressources communes

Les Chefs d’État de l’Angola, du Burundi, du Congo-Brazzaville, du Rwanda, de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie, de l’Ouganda et de la République Démocratique du Congo, ou leurs représentants, sont attendus ce dimanche 24 février 2013 à Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine, pour la signature de l’Accord-cadre sur la paix en territoire congolais. Trois nouveaux pays pourraient s’ajouter à la liste des signataires. Il s’agit de la RCA, le Sud-Soudan et le Mozambique. Le document devrait être co-signé par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, et la présidente de la Commission de l’Union Africaine, Nkosazana Diamini Zuma.

À cette occasion, les différentes parties signeront un accord dans lequel le gouvernement de la République Démocratique du Congo s’engagera à poursuivre la réforme du secteur de la sécurité, à consolider l’autorité de l’État particulièrement dans la partie Est du pays, à accélérer la politique de décentralisation, à développer l’économie, les infrastructures et les services sociaux de base. Il devra aussi réformer les institutions, les finances et élaborer un agenda de réconciliation et de démocratisation.
Quant aux pays de la région (Grands Lacs, SADC, Afrique Centrale), ils devront s’interdire de s’ingérer dans les affaires internes de leurs voisins, refuser tout appui à toute force négative et respecter leur souveraineté ainsi que leur intégrité territoriale. Cet accord recommande également « le renforcement de la coopération régionale, dans la droite ligne de l’intégration économique régionale et l’exploitation commune des ressources naturelles dans le strict respect des intérêts légitimes des voisins, surtout dans le domaine sécuritaire ».

Des unions douanières et des sociétés publiques mixtes

Pour éviter toute interprétation erronée, il est important de préciser que des concertations doivent être entreprises entre les différents pays de la région en vue de la gestion commune des ressources frontalières à travers des sociétés publiques d’exploitations mixtes. Il n’est pas du tout question d’intégrer économiquement la région du Kivu au Rwanda, ni de la mettre à la disposition de l’Ouganda – l’objectif étant de prévenir tout conflit foncier.
Mais cela n’empêche pas de réfléchir sur la réactivation de la CEPGL[1], comme complément vital au processus de paix et au développement économique. Ainsi est-il important de discuter des modalités d’un éventuel réaménagement de ladite Communauté par le truchement d’une Commission d’évaluation, de relance et de réaménagement des mécanismes et instruments existants afin de faire des propositions opérationnelles. Pour cela, il faudra définir un agenda et un calendrier précis.

Sécurité et défense communes[2]

Quant au domaine sécuritaire, on devra à tout prix signer des accords de non-agression et d’assistance mutuelle en vue de l’indépendance dans l’interdépendance. En effet, il sera plus efficace de mettre en place un système confédéral de protection. Ainsi faudra-t-il inciter les partenaires régionaux à s’associer à un projet relatif au pacte de stabilité des systèmes régionaux communs de défense et de sécurité ainsi qu’à un projet de paix spécifique aux pays des Grands Lacs et de l’Afrique orientale.
Ceux-ci seront complétés par la conférence intergouvernementale sur la sécurité, la défense, la paix et la coopération régionale, qui réunira les Chefs d’État et de gouvernement concernés afin d’examiner et de mettre en commun les moyens d’affirmer une véritable identité et une réelle appartenance régionales. Cette organisation devra tenir compte, dans son fonctionnement, des spécificités de chaque pays.
Mais pour que tout cela soit possible, la République Démocratique du Congo devra avant tout se doter d’une armée nationale performante. En effet, compte tenu de sa situation géostratégique et ses énormes potentiels, ce pays a un rôle déterminant à jouer dans le rayonnement économique de l’Afrique centrale et de la région des Grands lacs. Ainsi sa stabilité est-elle la condition sine qua non en vue de la paix, facteur indispensable au développement.
Enfin, les États de la région s’abstiennent de fournir la moindre protection aux auteurs des crimes de guerre, crimes contre l’Humanité, crimes de génocide ou d’agression, ou ceux se trouvant sous le coup des sanctions des Nations Unies.
Il faudra à cet effet, au-delà de la coopération administrative et judiciaire, que le conseil permanent du pacte de stabilité des systèmes régionaux communs de défense et de sécurité se dote des mécanismes constants. Cela lui permettra de prévenir les conflits, rétablir la paix et sanctionner en cas de manquement aux accords contractés.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

[1] Communauté économique des pays des Grands Lacs.
[2] Sur cette problématique, il faudra surtout lire les propositions faites dans les Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko.

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