mercredi 3 avril 2013

RD Congo, la carotte et le bâton

Le 28 mars dernier, sous la présidence russe, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la résolution 2098, requalifiant de facto le mandat des forces onusiennes et autorisant le déploiement de la brigade d’intervention[1] dans l’est de la République Démocratique du Congo. Et, paradoxalement, la Russie[2] a demandé à la République Démocratique du Congo, par la voie de son ambassadeur accrédité à Kinshasa, de ne pas toujours compter sur la communauté internationale.

Anatoly Klimenko, ambassadeur de Russie à Kinshasa.

Réoccuper les territoires occupés

En effet, Anatoly Klimenko a affirmé lors d’un point de presse organisé le 2 avril à Kinshasa que « le gouvernement du Congo, de concert avec ses partenaires, [devrait] fructifier ce temps [de la présence de la Brigade, ndlr] pour bien renforcer ses forces de sécurité, son armée, afin d’être capable de résoudre ses problèmes, tout seul, sans l’assistance […] de la communauté internationale ». D’autant plus que, a-t-il poursuivi, cette brigade pourrait stabiliser la situation sur le terrain et permettre la présence étatique sur toute l’étendue du territoire national.
Le rapport des forces ont complètement évolué, dans la région du Kivu, à l’avantage du gouvernement congolais. En effet, le M23 étant fragilisé à la suite de son implosion, son déracinement du vaste fief actuellement occupé par ses troupes n’est plus une mission impossible. L’avantage acquis sur le terrain par la faction fidèle à Sultani Makenga au détriment de celle de Jean-Marie Runiga ne pourra que difficilement imposer sa volonté à Kinshasa, dans l’optique d’obliger le gouvernement congolais à signer un accord dans le prolongement des pourparlers de Kampala. De plus, Kigali étant désormais lié par les engagements de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, la brigade d’intervention, qui dispose d’une mission offensive et ciblée, mènera une action foudroyante contre une énième tentative armée dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Sans conteste, la diplomatie congolaise dispose maintenant de tous les atouts pour mener à bien la politique de la carotte et du bâton.

Faire d’une pierre deux coups

Avec un brin de diplomatie, le plénipotentiaire russe n’a fait que suggérer aux autorités congolaises de façonner l’argile pendant qu’elle est humide. Ainsi doivent-elles profiter de cette opportunité pour réoccuper de gré ou de force, sans aucune contrepartie, les territoires qui sont encore occupés par les bandes armées. De plus, en cas de résistance armée de la part des occupants illégaux, la brigande d’intervention agira seule ou aux cotés des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
Après tout, l’heure n’étant plus à une solution politique et aux négociations, il faut bien justifier le bien-fondé et le caractère offensif d’une telle unité de combat. Cela permettra également de faire d’une pierre deux coups, en entraînant dans des conditions réelles les membres de la future force de réaction rapide qui sera créée au sein de l’armée congolaise, conformément à la résolution 2089, pour remplacer la brigade onusienne lorsque celle-ci aura achevé sa tâche.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Source : Jolpress

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Notes :
[1] Cette brigade est créée pour une période initiale d’un an. Elle sera basée à Goma et reste sous l’autorité du commandant en chef de la Mission des Nations unis pour la stabilité de la République Démocratique du Congo (Monusco).
[2] La Russie a occupé la présidence tournante au mois de mars dernier. Son ambassadeur auprès des Nations Unies, Vitaly Tchourkine, a cédé sa place au Rwandais, Eugène-Richard Gasana, dont le pays est accusé par les institutions internationales de soutenir les rebelles dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo (cf. annexe du rapport onusien).

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