De
2001 à nos jours, la crise politique n’a jamais cessé d’hypothéquer l’avenir du
peuple congolais et, de surcroît, le devenir de la République Démocratique du
Congo. Les conséquences de cette situation chronique se sont matérialisées dans
l’affaiblissement, voire dans l’illégitimité, des institutions de la République
et dans l’absence flagrante de l’Etat, voire dans sa non-présence dans tout le
territoire national. Peut-on conclure, pour autant, que la situation en cours
dans ce riche et immense pays relève de la fatalité ? Il semble que les
réponses à cette question résident plutôt dans la capacité des acteurs politiques
et la société civile à trouver des solutions en vue de la cohésion nationale.
Celle-ci ne pourra s’obtenir que grâce au bien-fondé des actions par rapport
aux problématiques de l’incessibilité de la nationalité congolaise d’origine,
au droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger, à l’égalité des
Congolaises et des Congolais dans la représentativité politique et dans la
gestion de la chose publique, à l’organisation des élections transparentes et
justes, au respect des droits fondamentaux de la personne humaine, à l’évolution sociale et au progrès économique, à l’avènement de la
démocratie…
Le dynamisme économique et l’évolution
sociale
La
République Démocratique du Congo doit à tout prix trouver des voies et moyens
susceptibles de permettre l’épanouissement économique de ses populations,
facteur indispensable à la cohésion sociale et à la paix nationale. Cela
nécessitera de l’audace, de l’innovation, de l’inventivité, du pragmatisme et
de la bonne gouvernance dans la gestion de la chose publique. L’exploitation
intelligente des ressources naturelles, lesquelles constituent un pilier
capital au développement économique et à la lutte contre la pauvreté, doit être
pratiquée avec pertinence et dans la connaissance la plus totale.
Le
Gouvernement de la République doit constamment avoir à l’esprit le niveau du
développement humain – plus précisément l’espérance de vie, l’accès à
l’éducation et à l’instruction, la valorisation de l’apprentissage et de la
formation, la politique sanitaire. Les acteurs politiques doivent se soucier
davantage du produit intérieur brut, du pouvoir d’achat ainsi que de la
protection sociale. Dans cette optique, le Gouvernement doit mener une
politique volontariste en matière d’infrastructures sur les plans de
l’aménagement du territoire, de la communication et des nouvelles technologies
de l’information. Cela reviendra à prendre des mesures appropriées afin de
doper la croissance, de mettre en valeur les apports des Congolais de la
diaspora. Cela permettra aussi de décliner une politique monétaire en rapport
avec le coût de la vie.
Ces
fondamentaux socio-économiques finiront par contribuer – par le biais d’une Agence nationale de statistiques, d’études
économiques et démographiques – au bien-être des Congolaises et des
Congolais. Ils serviront donc dans l’élaboration des modèles, ou des
prototypes, pour mieux appréhender les dynamiques sociales et économiques. Bien
entendu, la mise en place de cette Agence facilitera l’esquisse du panier
ménager. Elle permettra de cerner davantage le portrait-robot des ménages
congolais.
L’action
gouvernementale doit également privilégier l’augmentation de la production dans
le but d’augmenter la croissance économique, de baisser le chômage grâce à la
création de l’emploi, de dynamiser les profits des entreprises, d’améliorer les
salaires des employés et les retraites.
Les droits et devoirs des Congolais de la
diaspora
Les Congolais de
l’étranger doivent apporter leur compétence sur les plans social, économique,
sécuritaire et politique en vue du réveil de la République Démocratique du
Congo. Si un ministère leur est désormais consacré, la mise en place d’un Conseil représentatif des Congolais de
l’extérieur (CRCE) ne pourra que lui apporter, ainsi qu’au Conseil
économique et social nouvellement installé, l’expertise nécessaire à
l’élaboration des projets économiques novateurs, ainsi que l’assistance
indispensable à la coopération internationale et bilatérale dans les pays de
résidence. Il serait injuste de ne pas considérer les Congolais de la diaspora
comme des citoyens à part entière jouissant des droits de vote et
d’éligibilité – conformément aux dispositifs légaux – au scrutin présidentiel
et aux élections des députés et sénateurs des Congolais de l’étranger.
L’inaliénabilité de la nationalité
congolaise d’origine
La
Constitution du 18 février 2006 accorde à la nationalité congolaise d’origine,
dans ses articles 10-3 et 72, un caractère incessible. Celle-ci prime,
naturellement, sur toute citoyenneté étrangère. Néanmoins, la volonté du
législateur confirmant l’inaliénabilité de la nationalité congolaise d’origine
ne devra donner en aucun cas prétexte à l’existence d’une sous-catégorie de
Congolais. La nuance réside seulement dans le fait que l’on peut retirer la
nationalité congolaise acquise par naturalisation en cas de trahison à la
Nation, mais non la nationalité congolaise d’origine au prétexte que
l’intéressé la porte concurrente avec une autre citoyenneté. Le pacte
républicain voudrait que l’on harmonise, par souci d’égalité de tous les
Congolais, la Loi fondamentale et les textes légaux relatifs à la nationalité. Cela permettra d’expurger tout dispositif discriminatoire
rendant pratiquement conflictuelle la Constitution du 18 février 2006. C’est la
seule façon de la rendre à la fois juste et parfaite.
Un Etat de droit
Il
n’est un secret pour personne. En République Démocratique du Congo, la crise
politique perdurera tant que le mode d’accession, ou de maintien, au pouvoir
reposera sur le tripatouillage de la Constitution et de tous les autres textes
légaux. Pour mettre définitivement un terme à cette caricaturale situation, il
faudra s’appliquer en vue de l’émergence d’un Etat de droit, seul garant de la
légitimité des institutions de la République, de l’égalité de tous les
Congolais au regard de la Loi, du respect de la séparation des pouvoirs, de la
liberté de la presse et de la sauvegarde des droits fondamentaux de la personne
humaine. Raisons pour lesquelles il faudra réintroduire l’élection du scrutin
présidentiel à deux tours et lever toutes les barrières – d’ordres politicien
et financier – qui cautionnent l’inégalité des Congolais par rapport à la
représentativité politique. Il va falloir bannir à jamais les injustices et les
discriminations de toutes sortes. Ainsi la révision constitutionnelle et les
modifications des lois étatiques ne peuvent être envisagées que dans la seule
optique de l’intérêt général. Il est évident que l’avènement de l’IVe République,
qui sera forcément le résultat de la réconciliation nationale, est
incontournable pour le « salut public ».
La réconciliation nationale
Si
seule une réelle volonté politique peut permettre l’émergence d’un Etat de
droit en République Démocratique, la mise en place
des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs
républicaines, dans un élan patriotique collectif, est capitale. L’objectif,
c’est la défense de la nation fragilisée et toujours en proie à l’insécurité,
ainsi qu’à une crise politique permanente.
Les Congolais doivent comprendre que, peu importent leurs
divergences, ils doivent organiser des vraies assises nationales afin d’aborder
en profondeur et sans tabou les sujets qui ne cessent de contribuer à la
déstabilisation du territoire national et à la fragilisation des institutions
étatiques. La seule façon de renforcer l’unité, la réconciliation et la
cohésion nationales consistera à se pencher sérieusement sur les causes
originelles des conflits civils et armés dans la partie orientale du pays. Le
Gouvernement doit avoir le courage de s’appesantir, dans l’optique d’une
renégociation, sur les accords régionaux et internationaux dont quelques
clauses risquent de menacer la souveraineté nationale. La sécurisation et la
pacification du pays, passera sans conteste par une entente cordiale
entre les différentes composantes politiques.
Le nouveau Gouvernement Matata Ponyo n’ayant eu aucun effet
significatif sur la cohésion nationale, il va falloir s’atteler sérieusement aux
conditions d’une véritable réconciliation autour des valeurs républicaines,
dans un élan patriotique collectif, pour la défense et la pacification de la
nation malmenée et meurtrie. Il revient donc aux hommes et femmes de bonne
volonté, aux véritables hommes et femmes d’Etat, d’exhorter les Congolaises et
les Congolais à œuvrer en vue d’un nouvel envol de ce géant très longtemps
endormi qu’est la République Démocratique du Congo. S’impose donc un sursaut
patriotique.
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